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C’est plutôt émouvant d’assister à la gestation d’un nouveau média. L’excitation, les interrogations, l’envie, les craintes et les contraintes. Il y avait un peu de tout cela hier soir au sein de l’équipe de Rue89 qui m’a accueilli (chaleureusment) pour sa réunion-diner du mardi soir.

Puisqu’il est question de rue, précisons que le quartier-général s’est déplacé rue Meslay. C’est la « rue des chaussures », l’une des rares de Paris à être encore quasi-exclusivement dédiée à une corporation: les chausseurs. Ce qui me fait penser que je dois vous parler d’un article déjà ancien (mars 2006) de Peter Wayner (cité récemment par Tim O’Reilly): Google’s Role in Paying for Shoe Leather qu’on pourrait librement traduire par « Google doit payer pour les semelles des journalistes ». Contrairement aux apparences, l’article a plus à voir avec Rue89 qu’avec les chaussures.
Objectif: deux millions de visiteurs uniques mensuels

La question est en effet: qui paiera les semelles des journalistes de Rue89? A priori, ce sera la publicité et elle seule. Traduction pratique: il est nécessaire d’atteindre rapidement une forte fréquentation (2 millions de visiteurs uniques selon les calculs des fondateurs).

Pour y parvenir, Pierre Haski, Pascal Riché, Laurent Mauriac, Nicole Pénicaut et Arnaud Aubron doivent démultiplier les « contenus« . La ligne éditoriale: traiter les sujets qui font débat. Pour cela trois « cercles » de producteurs vont coexister: le premier cercle (alias « C1 ») composé des journalistes professionnels; le deuxième cercle composé d’experts et de professionnels qui interviendront (sur des blogs mais pas seulement) dans leur domaine d’expertise et enfin le troisième cercle composé de tous les internautes appelés à commenter, pimenter, bousculer les écrits/vidéo/audio des deux premiers cercles.

Dans une optique web 2.0, les internautes pourront également fournir des photos/vidéos/textes, mais je n’ai pas bien compris si cela s’articulait vraiment avec le reste du projet éditorial.

Voilà pour le principe dans ses grandes lignes (enfin, ce que j’en ai compris après quelques verres de rouge et autant de rondelles de saucisson).

La maquette est prête

La maquette de la page d’accueil du site est prête. Je l’ai vue mais je ne suis pas sûr d’avoir le droit de lever le voile. Disons simplement que c’est la maquette d’un site d’info grand public (pas de révolution de la navigation ou de l’organisation de la page), assez simple d’accès, mais un peu touffue (à mon goût) et avec des caractères un peu petits (mais une image photoshop et un rendu web sont deux choses différentes, donc à voir en vrai).

Lancement prévu le 6 mai

Le lancement est prévu en deux phases. Dans quelques jours un lancement en « beta privée » avec accès au site contrôlé par mot de passe et ensuite un lancement véritable dès le second tour de l’élection présidentielle (le 6 mai) . D’où le slogan que Pierre Haski teste auprès de ses interlocuteurs: « un nouveau président, une nouvelle ère, un nouveau média ».

Quelques impressions

  • Rue89, c’est d’abord une équipe. Il semble exister une cohésion et une confiance entre les membres fondateurs qui jouera sans nul doute un rôle crucial lors des inévitables passages difficiles que connaîtra le projet.
  • C’est aussi un enthousiasme et une envie: celle de trouver le langage de l’info sur le web (qui reste encore à largement inventer).
  • La cuisine tient un rôle central dans la start-up. On peut d’ailleurs se demander si la cuisine ne va pas devenir un lieu aussi emblématique que le garage dans la Silicon Valley.

Que dire en conclusion? On a envie qu’ils réussissent. Qu’ils parviennent à montrer qu’on peut aujourd’hui créer un média viable en France sans partir d’une démarche purement marketing, mais en portant avant tout un projet éditorial.

Bon vent!

PS. Message personnel: Nicole, j’ai oublié mon sac noir chez toi, David devrait passer le chercher.

A voir également:

Les interviews vidéo de trois fondateurs de Rue89 par Benoît Raphaël

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