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Imaginez qu’on emprisonne Edwy Plenel et l’équipe de Mediapart. Ça se passe en Côte d’Ivoire

Les locaux du journal Le nouveau Courrier à Abidjan

[Edit: Théophile Kouamouo et ses deux confrères ont été partiellement relaxés et remis en liberté lundi 26 juillet 2010. Plus d’infos sur Rue89
http://www.rue89.com/2010/07/26/liberation-du-journaliste-theophile-kouamouo-160023 ]

Depuis vendredi, trois journalistes sont détenus à Abidjan pour « vol de document administratif ». Ils risquent de 5 à 10 ans de prison.

Leur crime: avoir publié un document judiciaire dans leur journal Le Nouveau courrier. L’AFP précise :

Le Français Théophile Kouamouo, directeur des rédactions du journal Le Nouveau courrier, ainsi que les Ivoiriens Stéphane Guédé et Saint Claver Oula, directeur de publication et rédacteur en chef, ont été déférés vendredi soir à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan pour « vol de document administratif ». [… ] Sous le titre « Le livre noir de la filière café-cacao », le quotidien privé détaillait « pillage » et « escroqueries » (remboursement de frais pour des missions à l’étranger non effectuées, financement de coopératives inexistantes, surfacturation du rachat d’une usine de chocolat aux Etats-Unis…) dont se seraient rendus coupables les barons du secteur.

Un rapport d’enquête qui met à jour des malversations dont auraient pu profiter des proches du pouvoir en place, ça ne vous rappelle rien ? C’est comme si en France, Edwy Plenel et l’ensemble de l’équipe dirigeante de Mediapart s’était retrouvé derrière les barreaux dès les premières révélations concernant l’affaire Bettencourt.

Que veut le procureur : que les journalistes dévoilent la source de leurs infos. Bien entendu, les journalistes refusent comme l’explique l’AFP.

Le procureur Tchimou, qui avait transmis récemment ses conclusions confidentielles au président Laurent Gbagbo, a exigé de connaître la source des journalistes, qu’ils ont refusé de lui révéler.

Aujourd’hui, les condition de détention des trois journalistes sont effroyables, comme en témoigne Nadine Kouamouo, la femme de Théophile, dans une interview accordée à l’Atelier des médias sur RFI

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Théophile Kouamouo, journaliste-entrepreneur que j’avais interrogé à l’automne dernier à l’occasion d’un passage à Paris, a refusé la protection consulaire française (il est de nationalité française et d’origine camerounaise). La diplomatie française s’est d’ailleurs contentée du service minimum en exprimant laconiquement son attachement « au libre exercice par les journalistes de leur métier, en Côte d’Ivoire comme partout ailleurs dans le monde« .

Pour apprécier la situation, il faut savoir que Théophile n’a eu de cesse, sur son blog notamment, de critiquer la politique française en Afrique et la Françafrique depuis des années et notamment au plus fort de la guerre en Côte d’Ivoire. Ceci explique peut-être cela.

Comme le fait Reporters sans frontières, on ne peut qu’en appeler aujourd’hui à la libération des trois journalistes. Théophile et ses deux collègues doivent immédiatement retrouver la liberté et ne sauraient être détenus du fait d’avoir protégé leurs sources.

Pour en savoir plus:

Article très complet de Claire Ulrich sur Global Voices

Pour suivre l’évolution de la situation:

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