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Portrait-robot du journaliste multimédia en 2009

[màj] Rajout des techniques de récit multimédia qu’un copier/coller hasardeux avait eclipsé

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Un repas, quelques convives* et une question : quel type de journaliste les rédactions web embaucheront-elles dans deux ans ? C’était le menu du dîner organisé avec le CFJ jeudi dernier.

La discussion ayant été dense, passionnante et riche, je vais essayer d’en synthétiser l’essentiel en dressant le portrait-robot élaboré entre le carré d’agneau et le plaisir de Darling’s aux fruits rouges.

Tous ceux qui étaient présents sont invités à compléter et corriger ce portrait-robot qui est loin d’être figé. Tous les autres peuvent également y apporter leur touche personnelle.

Ce portrait-robot n’est pas un exercice de futurologie provoqué par un abus de bordeaux mais un exercice destiné à affiner la formation des étudiants qui suivront la spécialisation multimédia du CFJ à partir de la prochaine rentrée.

Le journaliste reste un journaliste
Les éléments de base du métier demeurent : chercher les informations, les trier, les vérifier, les hiérarchiser, les mettre en forme et les publier.

Le journaliste descend de son piédestal
Il est fini le temps du magistère. Le journaliste doit considérer que son « audience »** détient informations et capacité d’expertise. Il doit se mettre en situation de faire émerger dans son activité le savoir et la connaissance de la communauté fédérée autour de son média. Dans ce contexte, le journaliste accepte également de voir son travail soumis à la critique.

Le journaliste est aussi un animateur de conversations
Au-delà de la recherche et de la publication d’informations, le journaliste doit considérer que son travail ne s’arrête pas au moment de la publication. La deuxième vie de l’information commence alors. Elle peut être commentée, rectifiée, enrichie, complétée par les apports des internautes. Le journaliste doit être présent au cours de cette phase.

Le journaliste baigne dans la culture numérique
Les moyens d’accès à l’information changent perpétuellement à l’ère numérique. Les sites les plus populaires évoluent. De nouvelles pratiques se mettent en place au fil du temps. Le journaliste se doit d’évoluer dans le même milieu que ses lecteurs/auditeurs/spectateurs et donc de fréquenter les mêmes lieux virtuels, d’utiliser les mêmes services, qui développent de nouveaux usages et constituent la base d’une « culture numérique » (digital literacy)

Le journaliste développe son agilité numérique
Au-delà du simple bain culturel et de la connaissance des usages, le journaliste doit également être en mesure d’utiliser les outils numériques les plus répandus, qu’il s’agisse d’outils collaboratifs ou d’outils destinés au travail de la photo, de l’audio ou de la vidéo. Les outils évoluant en permanence, le journaliste est formé à apprendre.

Le journaliste connait les bases de plusieurs médias
S’il n’est pas envisageable que le journaliste soit à la fois auteur de textes, de vidéos, de photos et d’audios, il est néanmoins souhaitable qu’il dispose d’une formation de base dans chacun des domaines, qu’il soit en mesure d’effectuer des réalisations simples et qu’il développe ensuite un savoir-faire d’excellence dans (au moins) un des domaines.

[màj] Le journaliste connaît les techniques de récit multimédia
Même si le dispositif actuel des rédactions web ne permet guère de dégager du temps pour des productions de type magazine, il apparaît nécessaire que le journaliste connaisse les techniques de récit multimédia (multimedia storytelling) qui permettent d’articuler le récit journalistique en combinant différents médias (texte, photo, audio, vidéo).

Le journaliste est aussi un animateur de communautés
La création d’une ou plusieurs communautés autour d’un média apparaît comme un enjeu central. Dans la mesure où les sollicitations sont multiples pour les internautes dès qu’il est question de leur faire mettre en ligne du texte, des photos ou de la vidéo, on peut imaginer qu’ils viendront déposer leurs informations auprès de la communauté à laquelle ils sont le plus attachés (voire à celles qui les rémunèrent le mieux, mais cette option ne paraît devoir être retenue que pour des cas exceptionnels). Savoir créer, animer, étendre une communauté virtuelle fait donc partie des enjeux essentiels.

Le journaliste est conscient de son environnement économique
L’économie des médias numériques est aujourd’hui particulièrement incertaine. Il est donc indispensable pour les journalistes de connaître les données de base du milieu (économique) dans lequel ils évoluent.

Le journaliste est capable de lire les chiffres de fréquentation
Les médias numériques ont ceci de commun qu’ils délivrent quasiment en temps réel les données de fréquentation. Le journaliste doit être en mesure de lire ces données et d’en tirer des enseignements adaptés.

Le journaliste doit apprendre à cohabiter avec les commerciaux
Les structures de rédaction qui se dessinent font se côtoyer services rédactionnels et services commerciaux souvent dans des bureaux voisins. Le journaliste doit être en mesure d’échanger avec les services commerciaux sans perdre de vue son éthique professionnelle.

Le journaliste peut assumer le rôle d’« éditeur »
Dérivé de l’acception anglo-saxonne, le travail d’édition ne consiste pas à produire des contenus journalistiques mais à mettre en scène des informations produites par d’autres en fonction de la connaissance du public et de la communauté à laquelle on s’adresse et en fonction des caractéristiques du support sur lequel les informations sont diffusées.

Le journaliste est capable de travailler avec les développeurs informatiques
L’une des tendances actuelles semble être une intégration progressive des équipes de développement informatique au sein des rédactions. Issus d’une autre culture professionnelle, ils devront être encadrés par des journalistes comprenant les enjeux et les contraintes de leur activité.

Le journaliste se pose la question du cycle de vie de l’information
La tendance continue au stockage des informations dans des bases de données exploitables via différentes interfaces impose la prise en compte du cycle de vie l’information. Désormais, une information n’est plus seulement produite pour une publication unique sur un seul moyen de communication mais pour des supports multiples qui ont des temporalités différentes.

Le journaliste a conscience des résistances de son milieu
Dans la période de bouleversements dans laquelle nous nous trouvons, le journaliste doit prendre en compte le fait que ses confrères ne sont pas tous nés à l’ère du multimédia (non digital natives). Ce qui peut créer des tensions au sein des rédactions.

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* les convives : Francis Pisani (Transnets), Alexis Delcambre (lemonde.fr), Johan Hufnagel (20minutes.fr), Emmanuel Parody (Les Echos et ecosphere), Benoît Raphaël (Le Dauphiné libéré et Demain, tous journalistes ?), Romain Brami (Yahoo ! France), Luc Legay (Rampazzo et associés et RU3), Sébastien Bailly (Grand Rouen), Stanislas Leridon (France 24), Michel Leroy (CFJ), Marie Ducastel (CFPJ), Valérie Pailler (CPJ)

[màj 16/06/2007] Cédric Motte vient de publier un post intéressant sur le même sujet.

**étymologiquement, « audience » vient du verbe écouter tandis que le public des médias numériques n’est pas seulement en position de réception d’informations mais il peut également en émettre.

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