` `
Sélectionner une page

En proposant des sélections d’articles de qualité lus par des professionnels, l’application Noa propose une revue de presse sur des thèmes pointus en version audio. Et ça marche.

 

 

Peu connue en France, la start-up irlandaise Noa, pour “News Over Audio”, s’installe dans le monde des médias anglophones. Lancée en 2017, Noa offre une sélection des meilleurs articles de médias de référence en format audio. Un slogan résume la formule: “News + Curation + Narration”. Les articles sont lus par des narrateurs professionnels. Noa les range par “séries”, des playlists thématiques de quelques articles sur des grand sujets ou débats d’actualité.

“Utiliser votre temps d’information intelligemment”

“Notre intuition de départ c’est que beaucoup de gens ont besoin d’être bien informés mais que bien s’informer prend du temps”, m’explique Gareth Hickey, jeune dirigeant et co-cofondateur de Noa. “Nous voulons donc utiliser votre temps d’information intelligemment.”

Plusieurs médias américains, britanniques et irlandais sont partenaires, dont le Washington Post, le Financial Times, The Telegraph et The Irish Times. Certains, comme The Economist, avaient déjà leur propre service d’articles audios. “Plus de deux tiers de notre audience a entre 18 et 40 ans, beaucoup plus jeune que celles de nos partenaires. On étend le marché du Journalisme de qualité“, observe Gareth Hickey, un ancien analyste financier. Les médias partenaires touchent un pourcentage sur les écoutes. Ils peuvent aussi intégrer le lecteur Noa sur leur site, à côté de leurs articles.

Des séries qu’on écoute jusqu’au bout

En matière de curation, le prisme est logiquement anglo-saxon, avec une préférence marquée pour l’économie et la tech. En home du site et de l’appli cette semaine: “Trump vs. Biden: ce qu’on a appris lors du premier débat”,  “Pourquoi les fonds de capital-risque ne créent pas de choses utiles” ou encore “Va-t-on un jour retourner travailler au bureau?“.

Chaque série est soigneusement éditée, une introduction liant des articles issus de plusieurs sources et offrant des angles ou des points de vue différents. Le temps d’écoute total n’excède généralement pas les 15 à 30-40 minutes. “C’est important de pouvoir “terminer” une série. On n’est pas un agrégateur de news. L’idée c’est que les gens puissent rapidement trouver un sujet (…), démarrer leur écoute d’un simple clic pour que, quelques dizaines de minutes plus tard, ils aient acquis une solide connaissance de ce sujet.”

L’auditeur est même chaleureusement félicité lorsqu’il termine une série. Un ressort psychologique, typique des applications de sports ou d’apprentissage, appelé “renforcement positif” (positive reinforcement).

Nouveaux usages

L’engagement est la clé pour gagner et garder des abonnés. Sur Noa, 80% des articles audio sont écoutés jusqu’au bout, un taux bien plus élevé que ceux généralement constatés pour des articles lus à l’écran. Et la start-up a su faire évoluer son concept et son expérience utilisateur grâce à une observation attentive des usages.

“Avant l’épidémie, le scénario d’utilisation principal c’était le trajet domicile-travail du matin. L’écoute en voiture représentait presque deux tiers de ce temps-là, suivi par l’écoute dans les bus, les trains, les halls d’aéroport, etc. Avec les mesures de confinement, on a vu un déplacement des usages vers la marche à pied et l’exercice. Beaucoup d’utilisateurs associent Noa avec d’autres activités visant à l’amélioration personnelle. Ils font d’une pierre deux coups en quelque sorte:  ils musclent leur corps mais aussi leur esprit”, analyse Gareth Hickey.

L’écoute à domicile s’est aussi renforcée: on s’informe en cuisinant, en faisant le ménage, le matin sous la douche ou le soir avant d’aller au lit.

Entre fin janvier et début mars, quand l’épidémie de COVID-19 a gagné l’Europe, Noa a enregistré 40 000 inscrits supplémentaires selon The Irish Times.

Assistants vocaux

Dans les prochains mois, l’équipe de Noa, qui compte pour l’instant 20 personnes, songe à se développer en Allemagne.

Elle souhaite aussi se faire entendre sur de nouveaux supports, notamment les assistants vocaux domestiques et ceux embarqués dans les véhicules – plusieurs partenariats sont en cours avec des constructeurs auto.

Pas question en revanche de diffuser ses articles audios sur des plateformes comme Spotify ou Google Podcasts. “On veut garder le contrôle des contenus. Pour nous, ces plateformes sont plutôt des concurrents.”

En savoir plus
– Le site de Noa
Un article du Nieman Lab sur l’intérêt grandissant des médias pour les articles audios

`
`