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Seth Lewis, sur ce qui fait le journalisme

Début février 2020 a marqué la troisième rencontre du consortium JOLT. Après Dublin et Pampelune, nous nous sommes retrouvés à Paris, et Samsa.fr a eu le plaisir d’accueillir tous les membres pour une semaine riche en discussions sur le thème “journalisme, technologie et données”. Petit compte-rendu très personnel.

Comme vous le savez déjà, je suis doctorante au sein du projet JOLT, et organiser des événements, ça fait partie du job. Etant basée à Samsa.fr, qui en organise régulièrement, je ne pouvais pas mieux tomber pour être sûre de tirer parti d’une belle rencontre entre chercheurs, journalistes et doctorants de tous pays.

Pour rappel, JOLT, ce sont 15 doctorant·e·s, financé·e·s par la Commission européenne et basés en Irlande, Espagne, Grèce, Royaume-Uni et France, réuni·e·s pour faire de la recherche sur le journalisme, la technologie et les données.

Le but: créer des passerelles entre le monde de l’entreprise et de la recherche. Mais ça va plus loin: relier la recherche en science informatique à celle effectuée en sciences sociales (comprenez: avoir des gens qui font, et des gens qui en parlent), croiser les points de vue de différents pays (on a 8 pays d’origine au compteur), et ouvrir des perspectives de carrière au-delà des bancs de l’université.

Deux professeurs de renom pour des interventions de haut niveau

Avec Samsa.fr, nous avons essayé de répondre au mieux à toutes ces attentes. Pour le côté académique, nous avons invité Seth Lewis, professeur à l’Université d’Oregon actuellement chercheur en visite au RISJ à Oxford, et Seeta Peña Gangadharan, de la London School of Economics. Le premier nous a proposé un tour d’horizon exhaustif de la recherche sur le journalisme, et la seconde une réflexion approfondie sur les possibilités de résistance, de justice et d’alternatives face au pouvoir de la technologie.

Ces présentations ont été suivies de celles des doctorants, qui ont pu partager leurs progrès depuis notre dernière rencontre à Pampelune (Espagne) en juillet 2019. Les thèmes précis sur lesquels portent nos recherches, autour du journalisme, de la technologie, et des données, sont nombreux et variés. Pour faire court, nous travaillons sur trois grands domaine: disruptions organisationnelles, nouvelles pratiques, et questions éthiques et politiques. Concrètement, nous explorons des sujets tels que la surveillance, la quantification des publics, le journalisme collaboratif, l’automatisation des contenus et de la colorisation de vidéos, les applications de messageries, les liens avec les plateformes, la modération de commentaires et d’autres encore.

La vie des doctorant·e·s et l’équilibre délicat entre recherche et vie personnelle

Nos avons aussi échangé sur le quotidien des doctorants. Entre les participations aux conférences dans le monde entier, et les articles académiques publiés, tout cela donnait un peu le tournis. Mais c’était aussi l’occasion de recueillir de précieux retours, en partageant les difficultés rencontrées, non seulement en termes de méthodes et conceptualisations théoriques, mais aussi sur des questions comme l’organisation, ou la façon d’avoir un bon équilibre de vie quand on fait une thèse. Vous l’aurez compris, la vie de thésard, bien que passionnante, n’est pas toujours de tout repos.

Discuter d’une vie équilibrée autour d’un déjeuner

Pour le côté « industrie », les doctorants ont eu de multiples occasions d’échanger avec des professionnels de tous horizons. Sinéad O’Brien, en charge des projets sur l’intelligence artificielle à la BBC, a présenté son travail sur la responsabilisation du machine learning. Trois journalistes experts en vidéo mobile ont pu présenter leurs retours d’expérience: Justine Bailly, journaliste à BFM TV, Leonor Suarez, rédactrice en chef et grand reporter de la télévision régionale des Asturies, et Guillaume Kuster, fondateur de Tarkka Média. Des points de vue de différents pays sur des pratiques en pleine évolution ont été évoqués, ainsi que les défis notamment face à des publics et des rédactions à convaincre, ou de nouvelles techniques à adopter. Enfin, Entrepreneur First nous a donné des conseils sur la façon de lancer son entreprise après une thèse.

La conférence universitaire a été suivie d’une journée aux Rencontres de la vidéo mobile et de l’innovation éditoriale. Je retiens particulièrement l’intervention de Judith Duportail, qui a fait un travail journalistique remarquable en récupérant ses données personnelles et en enquêtant sur l’algorithme de Tinder.

Et pour clôturer la semaine, une partie des doctorants s’est essayée au data scraping, technique de collecte de données en ligne, avec 2 jours de formation par la talentueuse Laura Motet, data journaliste au Monde.

Bref, ces rencontres d’un autre type ont favorisé des échanges riches. Et c’était aussi l’occasion de resserrer d’autres types de liens que ceux qui nous unissent dans nos peines de thésards: on n’en est pas encore à faire des articles universitaires sur l’épistémologie des soirées karaoké, ou sur le meilleur kebab de Paris, mais presque. Prochaine rencontre en juin 2020 à Thessalonique en Grèce.

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