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En analysant une expérience de data-journalisme aux Etats-Unis, le chercheur français Sylvain Parasie met en lumière les biais, les insuffisances et ratés des données qui rendent plus que jamais indispensable le travail des journalistes sur le terrain. Le data-journalisme (journalisme de données pour les puristes du mot-dièse) a le vent en poupe et fait figure de nouvel eldorado dans un certains nombre de rédactions en ce moment à travers le monde. Pour de bonnes raisons:

  • La numérisation des données permet leur transfert aisé en gros volumes et leur exploitation en commun comme l’a montré l’opération Offshore leaks.
  • Les données que collectent les ordinateurs et autres appareils de mesure donnent à voir de nouvelles réalités de notre monde (et vont peut-être créer une nouvelle forme de journalisme: le sensor journalism).
  • Le contrôle des citoyens sur la manières dont ils sont gouvernés peut être accru avec l’exploitation des données libérées par les administrations publiques dans le cadre du mouvement open data.
Pour de mauvaises raisons:

Mais au delà, les données peuvent être aussi imparfaites que les humains qui les ont conçues et collectées. Elles font parfois l’objet de marchandage et de compromis. Les données qui dérangent peuvent être facilement masquées au fin fond de tableaux Excel. C’est tout cela que Sylvain Parasie, sociologue, maître de conférence à l’Université Paris-Est / Marne-la-Vallée a mis en lumière au terme d’une longue enquête qu’il vient de mener. J’ai eu l’occasion d’entendre Sylvain Parasie rendre compte de « l’enquête data-journalistique » conduite par l’équipe de California Watch sur la certification anti-sismique des écoles de Californie et j’ai trouvé cela passionnant. C’était au cours d’un séminaire du Costech de l’Université de Compiègne (merci à eux pour l’invitation). Avant de vous proposer d’entendre Sylvain Parasie en parler lui-même, quelques éléments pour situer le projet. Qui ? California Watch est un collectif de journalistes d’investigation issu du Center for Investigative Reporting (la plus ancienne initative à but non lucratif dans le domaine du journalisme aux Etats-Unis). Créé en 2009, California Watch est financé par des fondations et des mécènes. Quoi ? L’enquête On Shaky Ground a démarré en 2009 avec la demande d’un journaliste adressé aux autorités administratives de Californie pour obtenir l’état de la situation des écoles de l’Etat du point de vue de la certification face aux risques sismiques. Quand ? L’enquête a démarré en septembre 2009 et elle a été publiée en avril 2011. Ils en ont même fait un récit sous forme de timeline. Comment ? En travaillant sur la base de données qu’ils ont obtenue (et qui révélait que 9000 écoles ne répondaient pas aux normes sismiques), les journalistes en sont venus à remettre en cause quasiment toutes les informations contenues dans cette base de données. Y compris celles qui semblaient le moins contestables comme le tracé de la faille géologique de San Andreas qui traverse la Californie. On a fait une interview dans des conditions (de lumière et de caméra) un peu limite mais je pense que le contenu en vaut la peine. Sylvain Parasie publie également en collaboration avec Eric Dagiral un article passionnant intitulé Des machines à scandale, éléments pour une sociologie morale des bases de données.

Cliquer pour accéder à Parasie-2013_Des-machines-a-scandale.pdf

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