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[Avertissement : je connais personnellement Joël Ronez et je collabore également avec la maison qui publie son livre (CFPJ), ce qui ne m’aurait pas empêché de ne pas en parler si je l’avais jugé utile.]

En publiant L’écrit web (CFPJ éditions), Joël Ronez a fait un travail de salubrité publique : mettre sur le papier et organiser de manière cohérente et complète l’ensemble des connaissances plus ou moins empiriques que nous sommes un certain nombre à avoir collecté au fil des années en nous frottant à la publication sur le web et aux usages de ce (toujours nouveau) média. Joël les a rassemblées, mises en ordre, organisées de manière cohérente et didactique.

Bien sûr, Joël n’est pas le premier et il n’oublie de saluer le travail de Sébastien Bailly et de Jean-Marc Hardy qui ont largement défriché le terrain et posé d’indispensables jalons.

Tenir compte des usages

Le renouvellement rapide des outils et l’évolution incessante des usages nécessitaient évidemment une mise à jour. Joël Ronez ne s’est pas contenté de cela. S’appuyant à la fois sur son expérience de formateur, de consultant et de blogueur, c’est finalement moins un manuel qu’il propose qu’un véritable guide. Un guide de survie pour le blogueur qui ne comprend pas pourquoi ses billets n’apparaissent pas dans Google. Un guide de bonnes pratiques pour le rédacteur d’un site d’entreprise à qui on enjoint l’efficacité. Un guide de base pour le journaliste qui pense que l’exercice du journalisme sur le web n’obéit pas aux mêmes règles de base que dans les autres médias.

Ici, pas de recette de cuisine, mais une approche et des éléments de méthode avec une idée-force : tenir compte des usages donc des internautes et des manières dont ils utilisent le web. On retrouve ici une certaine filiation dans l’approche avec des publications plus anciennes du CFPJ dont le Guide de la rédaction de Michel Voirol (mon exemplaire a pas mal jauni).

Nouvelles possibilités d’atteindre l’internaute

Dans la même veine, Joël Ronez ne propose pas de faire du passé table rase. Il rappelle quelques bases valables aussi pour le web comme les règles de construction des articles (pyramide inversée) ou la nécessaire adoption d’une convention typographique (à défaut d’un véritable code typographique).

Une fois posées les fondations, c’est la révolution des usages qui au cœur du guide de Joël Ronez : nouvelle manière d’accéder à l’information (via les moteurs de recherche ou les agrégateurs), nouvelles manières de lire (les pages sont scannées par l’œil de l’internaute), nouvelles manière de considérer le texte (comme un point de départ grâce aux liens hypertexte qu’il recèle), nouvelle manière d’envisager la relation à l’auteur (commentaires possibles). Autant de nouvelles possibilités d’atteindre l’internaute mais autant de règles supplémentaires à prendre en considération.

J’ai particulièrement apprécié le passage sur les infobulles, un moyen d’écrire hypertexte que je néglige inconsidéremment (et je crois que je ne suis pas le seul) et dont le bouquin de Joël m’a redonné le goût. Rien que pour cette réhabilitation de l’infobulle injustement délaissée, il faudrait lui remettre une médaille.

Court ou long? Pas chiant en tout cas

Il est un point, malgré tout, sur lequel je ne suivrai pas totalement Joël : la sempiternelle question de la longueur. Il rappelle avec justesse que des études indiquent que la lecture est 25% plus lente sur écran que sur papier. Et il en déduit logiquement qu’il faut écrire court. Globalement, je pense qu’il a raison. Mais les contre-exemples sont légion. Si vous êtes parvenus à ce point de votre lecture de ce post déjà trop long, c’est sans doute qu’il y a des exceptions.

J’ai coutume de dire, la bonne longueur pour un papier, c’est qu’il s’arrête avant d’être chiant. Quiconque est dans une démarche de recherche d’information est susceptible de lire des textes longs sur le web (ou de les imprimer, ce qui ne change rien dans cette réflexion). Avez-vous déjà cherché des infos sur des questions de santé qui vous concernent de près ? Des infos sur des questions ayant impact direct sur vos finances personnelles ? Ne vous êtes vous pas retrouvé à lire des textes longs ?

A mettre entre toutes les mains

Voilà, c’est fait pour ce qui est du pinaillage. Il n’en reste pas moins que le bouquin de Joël est à mettre entre les mains de tous ceux qui, à titre personnel ou professionnel, se mettent à publier sur le web. C’est un véritable guide, au sens littéral du terme. Reste ensuite à chacun à faire preuve de créativité et de talent pour tirer le meilleur parti des règles du web que Joël Ronez s’est donné pour mission de recenser et de formaliser dans un langage accessible au plus grand nombre.

Pour en savoir plus: le blog du bouquin

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